Avons-nous franchi un point de non-retour dans le remplacement des emplois humains par des machines ?
Depuis un certain temps, les machines peuvent être aussi performantes, voire surpasser l’humain dans des domaines spécifiques pour lesquels elles sont entraînées.
Un exemple célèbre est AlphaGo, créé par DeepMind (une filiale de Google), qui a réussi à vaincre le champion du monde de go en 2016, même si le jeu offre presque un nombre infini de possibilités de mouvements.
De plus, l’apprentissage supervisé a prouvé son efficacité dans la reconnaissance d’images et de textes manuscrits, notamment grâce à l’utilisation des captchas qui permettaient d’entraîner des modèles grâce aux réponses des utilisateurs sur internet.
Bien que ces avancées technologiques soient remarquables, elles ne représentent pas une menace pour l’emploi futur.
Elles sont avant tout des outils de calcul et d’analyse qui, en général, contribuent à améliorer la productivité humaine. Ces machines fonctionnent selon des règles précises et ne peuvent s’en écarter.
De plus, contrairement aux humains qui possèdent une intelligence versatile et peuvent exceller dans de multiples domaines, comme la cuisine, les mathématiques ou le sport, ces intelligences artificielles se spécialisent dans un domaine unique.
Le langage et les interactions sociales, considérés comme le summum de la polyvalence humaine, ont longtemps été un domaine où l’IA ne pouvait rivaliser. Le test de Turing, proposé en 1955, a d’ailleurs permis d’établir objectivement si un humain et une machine pouvaient être confondus. Dans ce test, un jury humain interroge à la fois un humain et une machine sans pouvoir les voir. Si le jury ne peut distinguer l’homme de la machine, la machine réussit le test. Et pour la première fois de l’histoire de l’IA, en 2023, une IA bien connue du public nommée ChatGPT a passé le test de Turing, se montrant indiscernable d’un être humain. Cette prouesse soulève de nombreuses questions sur l’avenir du travail et l’impact de l’IA sur le marché de l’emploi.
Si auparavant, on pensait que la plupart des emplois humains ne pourraient pas être substitués par la machine, cette idée semble désormais remise en question. En effet, le langage était le dernier domaine dans lequel l’IA n’avait pas encore égalé l’humain.
Mais avec des avancées dans différents secteurs comme le trading automatique en finance, les algorithmes de gestion documentaire, l’agriculture connectée, les caisses automatiques, l’industrie agroalimentaire, ou encore les logiciels de gestion administrative (ERP), il est clair que la technologie a franchi de nombreux obstacles qui semblaient pourtant infranchissables.
Actuellement, environ deux tiers des emplois sont considérés comme susceptibles d’être automatisés, contre un tiers il y a dix ans. Cette évolution s’explique notamment par les progrès réalisés par les agents conversationnels, capables de simuler l’empathie humaine.
Cela pousse à envisager le remplacement potentiel dans les métiers nécessitant des compétences relationnelles, tels que les téléconseillers, les commerciaux, les assistants administratifs, entre autres. Les premières transformations devraient se faire sentir dans les domaines du marketing par SMS et de l’e-mailing, qui sont particulièrement propices à l’automatisation et ne requièrent pas un échange direct au téléphone ou en face à face.
Cependant, si l’IA et les machines ont le potentiel pour remplacer les emplois humains, cela ne signifie pas que ces changements interviendront rapidement. La vraie question est le coût d’adoption de ces technologies.
Pour qu’un remplacement ait lieu, il doit être économiquement rentable, c’est-à-dire moins cher que de payer des salaires. Cependant, étant donné la puissance de calcul nécessaire pour qu’une IA atteigne les capacités humaines, nous sommes encore loin d’un tel scénario.
Certes, la disparition du travail répétitif est une aubaine si l’on maintien le taux d’emploi. Mais le chômage structurel n’atteindra jamais les deux tiers de la population d’un pays juste parce que la machine peut théoriquement le faire.